Et une traversée de l’Atlantique en solitaire à la voile ! Une !

Seb

Une traversée de l'Atlantique à la voile de 2993 milles en 26 jours et quelques heures.

bon, ça c’est fait…

C’était pas si compliqué au final même si comme d’hab, ça a commencé un peu rock & roll.

Go Go Go

Jeudi 5 novembre, un peu tôt en saison pour la traversée, vent force 7 de nord, 3m de creux et un avis de coup de vent pour le lendemain. Les conditions sont idéales pour un test du bateau. Si ça doit casser autant que ce soit rapide et proche des Canaries ou je peux réparer. C’est parti pour 7 jours de nav direction le Cap Vert.

video 6177, 8

Mer très grosse, des vagues passent par dessus le bateau et inondent le cockpit.

J’ai pris 2 ris dans la grand voile et suis sous solent. Le petit Gwen avance à 7 nœuds, fréquemment à 9,5 dans de long surf. J’ai vu un joli 10,5 sur le speedo. Pour un bateau surchargé, c’est pas mal.

Vendredi 6 Novembre, le vent forci. Je prends des ris dans le solent. C’est la première fois que ça arrive. Un avion d’observation espagnol fait un 360 autour de moi et repart. Pas de contact sur le canal 16. Je vois mes derniers dauphins.

 

Samedi 7, 3eme jour de mer, un avis de coup de vent sur le Navtext. Un de mes derniers bulletins Navtext.

   

La cote étant proche, j’ai dormi par tranche de 40 minutes. Ca commence à se sentir. Grand ménage à bord, douche et passage chez le coiffeur. Avant, pendant, après.

J’y ai perdu mes mèches décolorées de surfeur. Après Antoine, je me prends pour Tabarly :)

Au secours, y a pétole

Une dépêche AFP tombe sur mon Iridium et je récupère un rendez-vous pour 4 décembre en Martinique. Si je veux assurer, je n’ai plus le temps pour le Cap Vert. Alors que je partais plein Sud-Sud-Ouest, je décide de récupérer la route médiane pour la Martinique.

Pour une traversée Canaries-Antilles il y a trois routes classiques.

La route directe, en noir. La plus courte, mais la plus au Nord. en Novembre elle est souvent en plein anti-cyclone, donc en pleine pétole. Pas un poil de vent. A partir de janvier, c’est un bon choix.

La route médiane, en bleu. Un peu plus longue, mais plus au sud. En théorie, il y a du vent.

La route Sud, en vert. L’idée est de partir des Canaries vers le Sud pour aller chercher du vent près des dépressions. On est certain d’avoir du vent, mais la route est plus longue.

Pour récupérer la médiane, direction plein Ouest.

Dimanche, le temps est splendide. C’est parti pour le beau temps.

Lundi, 5eme jour de mer, le vent diminue à 12  nœuds. Le pied.

Warning météo de Loulou. Un énorme anticyclone sur le 25° nord. Il va falloir le contourner. C’est parti pour du plein Sud puis du Sud-Ouest avec un vent de plus en plus faible chaque jour de la semaine à venir.

 

video 6291 6292

Vendredi 13, 9eme jour de mer: Pétole totale

 

Et c’est reparti plein Ouest

Dimanche 15, c’est reparti pour 5-15 nœuds plein vent arrière pour les 15 prochain jours.

       

6303 : nav cool

Quand le vent est à 10-15 nœuds, c’est le pied

6351   

Même sans tangon, les rivets de la fixation ayant sauté deux fois. On se débrouille

6441

Avec 8 nœuds de vent, sous spi, on arrive à 5 –6 nœuds. Ca donne de bonnes moyennes en journée.

Un cumulonimbus sympa m’a boosté durant 5 min avec 25 nœuds de vents alors que j’étais sous spi. Le bateau se couchait à droite, se relevait, se couchait à gauche jusqu’à ce que je balance le spi à l’eau, la chaussette étant bien sur coincée tout en haut.

  

Depuis je remballe le spi la nuit. Quand le vent est faible, ce sont les vagues qui en poussant et secouant le bateau gonflent les voiles. Ca frotte et rague contre les haubans, et ça use très très vite. Du coup la nuit je navigue sous grand voile seule, bordée à fond. La vitesse est risible, de l’ordre de 2 nœuds mais ça n’use pas.

 

Des copains

Le gros coté positif de la traversée en solitaire, c’est que l’on a personne avec qui s’engueuler (heu, c’est pas un gros mot ça ?). Les premiers jours étant bien fatigués, on peut être de mauvaise fois…

Le gros coté négatif, c’est qu’il n’y a personne avec qui partager les moments uniques que l’on vit.

 

C’est impossible de décrire la plénitude et l’apaisement que l’on peut ressentir le soir, après une bonne journée de nav, quand une tasse de thé à la main on regarde le soleil se coucher. C’est d’une tranquillité… D’un calme… C’est juste dommage de garder ça pour soi :)

  

Quand en plein milieu de l’océan, on gare le bateau (un petit créneau et hop), et qu’on plonge, avec 5379m d’eau sous les pieds, c’est tout simplement ENORME !!!

On n’est pas vraiment seul, en fait. On peut passer des heures à regarder les poissons qui suivent le bateau. J’ai fini le trajet avec plus d’une centaine de thons, des exocets, des daurades qui sautaient de l’eau en permanence.

  

Deux mouettes ont fait le trajet avec moi, et sur le dernier tiers trois énormes oiseaux noirs à la queue en fourche les ont rejoint (des frégates ?).

Et tous les jours, j’avais la météo et les mots du jour de Loulou et Joëlle qui me rythmaient la matinée. Mon préféré: “J’ai pris la mer le jour ou mon père m’a dit que j’étais sur terre pour travailler”.

 

Des occupations

Les journées pourraient paraitre longues vues de loin. Mais il y a toujours une foule de choses à faire sur un bateau:

Quand on n’est pas en train de changer ou régler les voiles, de faire la cuisine, la vaisselle, on:

  

- se cultive par des lectures saines

      

- garde son enthousiasme avec des méthodes ludiques éprouvées: casse-tête, starcraft, mots croisés…

- prend soin de soi en se lavant et mettant de la crème. C’est important l’hygiène.

 

- fait de la couture

  

- donne dans le sentimentaliste en faisant des points au sextant

  

- pêche

     

- chasse (à la casserole)

    

- étudie la faune et la flore locale

TERRE !

Bref le temps file à une allure folle, et on arrive déjà !! La Martinique après une dernière nuit à bourrer sous spi pour une arrivée près de la terre au lever du soleil.

    

Pour une arrivée au Marin, et de journées de mouillages de rêve :)

    

Bon ben ça c’est fait :)